Actu défense du 12 avril 2024

Faire face à la pénurie de poudre

C’est ici, chez le leader européen des explosifs, propulseurs et combustibles militaires, que la France a amorcé sa première relocalisation stratégique en matière d’armement : la production de poudre pour obus d’artillerie.

Le 13 juin 2022 à Eurosatory – Salon mondial de la défense et de la sécurité – Emmanuel Macron affirmait que nous étions entrés « dans une économie de guerre (…) dans laquelle nous allons devoir durablement nous organiser ». Par ces mots, le président de la République fixait un objectif clair au ministère des Armées et aux industriels : préparer l’outil de Défense pour être en capacité de faire face à un conflit de haute intensité. Parmi les axes d’effort identifiés, reconstituer des stocks de munitions fait figure de priorité.

Cet impératif induit la maîtrise de la production de l’un de leurs composants clés : la poudre. Sans cette ressource critique, impossible de propulser les obus d’artillerie, notamment ceux des canons Caesar fournis par la France à l’Ukraine.

En plus de la pose de la première pierre d’un nouveau site de production de poudre, le Président de la République a tenu sur place une session de travail avec les principaux industriels de la défense : l’occasion de faire un nouveau point d’étape de leurs avancées en matière d’accélération de production, sur un site emblématique des efforts engagés.

Investir pour relocaliser une production critique

Eurenco avait cessé depuis 2007 de produire de la poudre en France, et l’importait principalement depuis son usine suédoise de Karlskoga. Dans le contexte de l’entrée en économie de guerre, qui nécessite de produire plus, plus rapidement et le plus souverainement possible, l’annonce a été faite le 22 février 2023 de la relocalisation d’une production de poudre sur son site de Bergerac.

En construisant de nouveaux ateliers à la pointe de la technologie sur l’ancien site de production démantelé, ce sont à terme 1200 tonnes de poudre par an qui devraient être produites. D’ici 2026, Eurenco prévoit également de doubler ses capacités de production de charges modulaires1.

A la clef, ce sont aussi des emplois industriels créés dans le territoire : alors que 200 salariés étaient employés sur le site de Bergerac en 2022, l’entreprise a déjà commencé à recruter et devrait atteindre un effectif de 450 personnes dès l’année prochaine.

Une vitrine des enjeux de l’économie de guerre

Leader européen des explosifs, propulseurs et combustibles militaires, Eurenco a ainsi investi, soutenu par le ministère des Armées ainsi que l’Union Européenne2, avec pour objectif de pouvoir disposer dès 2025 d’une capacité souveraine de production de ce segment critique, principalement destiné à l’artillerie de gros calibre et, plus largement, à l’ensemble des munitions employées par nos armées. L’entreprise fournit également un grand nombre de partenaires européens, l’export représentant 75% de son chiffre d’affaire.

Réindustrialisation, effort d’armement pour la France et en soutien à l’Ukraine, souveraineté dans la production de ressources critiques et vocation européenne font d’Eurenco une vitrine des enjeux liés à l’économie de guerre.

Les charges modulaires sont glissées dans le canon derrière l’obus pour le propulser

L’entreprise s’est vue attribuer 76 millions d’euros dans le cadre du plan européen Act in Support of Ammunition Production (Action de Soutien à la Production de munitions)