Diên Biên Phù 2024

Le mardi 7 mai 2024, une cérémonie a eu lieu à l’ETAP pour commémorer le 70ème anniversaire de la fin des combats à Diên Biên Phù. Cette cérémonie était présidée par le Chef d’état major des armées, le Général d’armée Thierry Burkhard en présence de nombreux anciens, invités par le CEMA.

Au milieu de l’été 1953, le commandement français croit en la possibilité de vaincre en Indochine. Les succès obtenus depuis trois ans ont effacé le désastre de la RC4. Il faut maintenant obtenir une victoire stratégique pour aborder les négociations en position de force.
Le général Navarre, commandant le corps expéditionnaire français en Extrême-Orient est confiant. Il dispose de troupes aguerries et bien commandées. Malgré les années de guerre dans l’indifférence de la métropole, en dépit des fatigues et parfois des échecs tactiques, la volonté de l’emporter semble intacte.
Pour briser le corps de bataille vietminh loin du delta du Tonkin, Navarre choisit Diên Biên Phu, une petite bourgade du haut pays thaï. Au fond d’une cuvette entourée de collines abruptes se trouve une piste d’aviation qui permettra de ravitailler par les airs la garnison isolée.
Le 20 novembre 1953, six bataillons parachutistes sont largués au cours de l’opération CASTOR. Ils s’emparent de la plaine de Diên Biên Phu. Pendant des semaines, la garnison se fortifie. Sous les ordres du colonel de Castries, ses effectifs sont portés à plus de 10 000 hommes. Quinze bataillons, deux groupes d’artillerie et un escadron de chars Chaffee, avec tous leurs appuis et soutiens : le camp aéroterrestre semble inexpugnable.
Mais le corps de bataille vietminh relève le défi. La pression s’intensifie et rapidement les tentatives de rayonner dans la région sont repoussées dans le périmètre étroit du camp.
Le 13 mars 1954, le général Giáp engage la bataille qu’il veut décisive. Dans la nuit, le centre de résistance « Béatrice » est écrasé sous des milliers d’obus. Il tombe en quelques heures. La nuit suivante, c’est « Gabrielle » qui subit le même sort. En deux jours, deux bataillons sont détruits. L’artillerie vietminh prend l’ascendant. Dès le 26 mars, la piste d’aviation est inutilisable.
Du 30 mars au 4 avril, la sanglante bataille des cinq collines permet aux Français de ralentir les progrès des troupes du général Giáp. Elle est l’occasion de faits d’armes magnifiques. C’est le lieutenant Brunbrouck qui le 30 mars refuse d’abandonner sa position avec sa batterie et repousse l’attaque de toute une division par le tir de ses canons « débouché à zéro ». C’est la compagnie du lieutenant Luciani qui tient le sommet d’« Eliane 2 » envers et contre tout. C’est le capitaine Hervouët, plusieurs fois blessé, qui appuie inlassablement avec ses chars fantassins, paras et légionnaires. Les progrès ennemis sont ralentis mais le cours de la bataille ne s’inverse pas.
Tout au long du mois d’avril, les combats sont incessants et d’une intensité inouïe. Les équipages de Dakota larguent plus de 4 000 soldats en renfort. Pour certains, c’est le premier saut. Pour partager le sort de leurs camarades, même des blessés passent par la portière. Tous les combattants font preuve d’une abnégation exceptionnelle malgré l’usure extrême. Les groupes de chasse et les flottilles de l’Aéronavale qui les appuient par le feu sont terriblement gênés par une météo exécrable.
Le soutien logistique de la garnison est étranglé, seulement soulagée par quelques largages de ravitaillement. Les munitions manquent. Les blessés s’entassent dans des conditions déplorables, en dépit des prodiges réalisées par le service de santé. Pourtant certains blessés retournent à leur poste pour remplacer ceux qui sont morts.
Le 1er mai, le général Giápdéclenche une offensive générale. Malgré les contre-attaques, les points d’appui sont pris tour à tour : « Eliane 1 » le jour-même, puis « Dominique 3 » et « Huguette 5 » le 2 mai, et enfin les trois dernières positions du secteur Eliane le 7 mai. À 17 heures 30, la résistance cesse. Diên Biên Phu est tombée. Au fracas des armes et des explosions succèdent les cris de détresse et de douleur.
Plus de 2 200 combattants français sont tombés à Diên Biên Phu et plus de 11 000 sont faits prisonniers. Moins du tiers reviendra des camps de rééducation vietminh après la signature des accords de Genève le 21 juillet 1954, qui mettent fin à près de cent ans de présence française en Indochine.
Depuis 1994, un monument érigé par un ancien sous-officier de la Légion étrangère, blessé sur le point d’appui Isabelle, conserve la mémoire des combattants de Diên Biên Phu, dont le courage et l’abnégation inspirent aujourd’hui encore les armées françaises.