Actu défense du 28 mars 2025

Alors que s’est tenue au CNRS, mardi 24 mars, une journée de restitution intermédiaire des ateliers dédiés à la désinformation, retour sur une initiative portée par la cellule ASO de l’EMA, l’INRIA et le Campus Cyber avec l’une de ses organisatrices, Emilie Bonnefoy, entrepreneuse et réserviste opérationnelle.

Pouvez-vous nous présenter l’initiative à laquelle vous participez et votre rôle dans ce dispositif ?

Au printemps 2023, les institutions s’organisent pour mieux coordonner la réponse face aux attaques informationnelles. Sous l’impulsion du CEMA, la cellule ASO est créée pour y apporter la contribution des Armées. Conscient des besoins et des enjeux immenses, et en  complément de ce qu’elle réalise sur le périmètre institutionnel, cette cellule lance donc avec le CNRS, l’INRIA une initiative en octobre 2024 visant à fédérer toutes les compétences existantes qui pourraient être utiles. L’un des principaux leviers consiste à renforcer les liens entre le milieu de la recherche, les décideurs, les industriels et la société civile – notamment les médias via des ateliers collaboratifs. Il s’agit de créer un écosystème de confiance visant à mieux prendre en compte la menace informationnelle et y faire face en proposant des réponses innovantes et pragmatiques. Face à la gravité de la situation, il apparait crucial de réunir des expertises transverses – qu’il s’agisse de cybersécurité, de sciences humaines etc.

En tant qu’entrepreneuse, spécialiste de la tech et passionnée par les nouvelles technologies au service du progrès et du bien commun, j’ai fondé l’éditeur de logiciel de cybersécurité OPEN SEZAM il y a 3 ans avec la volonté de contribuer au déploiement de solutions innovantes au service de la confiance numérique. Forte de cette ambition, j’ai également rejoint la réserve militaire opérationnelle afin d’apporter mon expertise sur ces enjeux stratégiques dont le ministère des Armées s’est saisie avec force.

Comment le CNRS, le ministère des Armées et Campus Cyber appréhendent-ils la menace informationnelle ?

La désinformation orchestrée et les campagnes d’ingérences étrangères sont aujourd’hui des réalités concrètes qui affectent notre société, amplifiées par l’essor des technologies numériques, de l’IA, des plateformes en ligne et de leurs choix algorithmiques. Ces manipulations peuvent aujourd’hui influencer l’opinion publique, fracturer la société et compromettre l’intégrité des processus démocratiques. 

La menace informationnelle est devenue une question de sécurité nationale et un enjeu de défense collective. Dans ce contexte, l’ambition commune du ministère des Armées, du CNRS et de Campus Cyber est bien d’œuvrer à préserver les démocraties face à un risque d’aliénation de leur modèle.  En œuvrant à la création d’un écosystème de confiance, ils visent à jeter les bases d’une réponse nationale souveraine sur la Lutte contre Manipulation de l’Information (LMI) afin de contribuer à une démocratie saine et résiliente.nationale sur la Lutte contre Manipulation de l’Information (LMI) afin de contribuer à une démocratie saine et résiliente. 

Dans le contexte actuel de prolifération de la désinformation, peut-on encore agir efficacement ?

C’est bien le but de cette démarche. Mobiliser toutes les ressources existantes pour faire de la LMI un combat gagnable car c’est un enjeu central pour l’avenir de notre démocratie. Il ne s’agit pas seulement de défendre les intérêts immédiats de la France, mais également de contribuer à façonner un espace informationnel plus sécurisé et plus fiable.

La mise en place de stratégies et de techniques permettant de générer des contenus efficaces contre la désinformation semble aujourd’hui primordial.  Bien que la France et l’Union européenne disposent de cadres législatifs et réglementaires dans la lutte contre la désinformation, des lacunes persistent. Afin d’agir plus efficacement, il est non seulement essentiel de clarifier la notion de fausse information, mais aussi d’en préciser les critères d’évaluation et d’en renforcer les mécanismes de régulation. 

Le 24 mars était la journée de restitution intermédiaire des ateliers de travail visant à faire face aux défis informationnels ; qu’en est-il ressorti ?

Notre communauté s’est réunie au grand complet pour faire le point à mi-parcours de ces travaux. L’ambition était de lancer un appel à la mobilisation générale : la guerre informationnelle touche toutes les sphères qu’elles soient publiques ou privées.

Cet événement s’est articulé autour de plusieurs temps forts : la restitution des travaux sous format table ronde, des interventions de haut niveau, une présentation du premier rapport Ecosystems and Troubled Democracy par le Forum sur l’Information et la Démocratie et de la remise de prix du CTF OSINT LMI couronnant le succès d’un évènement hybride Défense X société civile.