Actu défense du 13 juin 2025

Réaliser des calculs aujourd’hui impossibles, percevoir notre environnement avec une précision jamais égalée, naviguer dans des endroits où le réseau GPS n’est pas accessible… Le ministère des Armées souhaite accompagner la révolution quantique et l’accélérer grâce à un plan spécifique, dévoilé ce 10 juin par Sébastien Lecornu, au forum France Quantum.

Le quantique : de quoi parle-t-on ?

La physique quantique est une branche de la physique qui étudie les phénomènes à l’échelle des particules subatomiques, telles que les électrons, les photons et les quarks. Elle a révolutionné notre compréhension de la nature et a conduit à des avancées technologiques majeures.

Qu’est-ce que cela change pour les armées ?

« Ce que va signifier le quantique en général, et en matière militaire en particulier, va sérieusement secouer », a averti Sébastien Lecornu, lors de son discours de clôture de l’évènement France Quantum, à la Station F, à Paris. Ces nouvelles technologies, dont la précision est à ce jour inégalée, auront un impact significatif sur « la physionomie du champ de bataille et notre manière de faire la guerre », explique le ministre des Armées. Les premiers domaines touchés seront ceux des capteurs, du calcul quantique et des communications sécurisées. 

Conscient de la nécessité de disposer de capacités souveraines dans le domaine, le ministère des Armées accompagne des travaux de recherche depuis plus de 20 ans, allant jusqu’à l’industrialisation et la mise en service de projets innovants. Un exemple : Girafe 2 est le premier gravimètre quantique marin, basé sur la technologie des atomes froids. Grâce à lui, la capacité de mesure de la pesanteur en mer sans étalonnage préalable est démultipliée, avec une précision surpassant les systèmes classiques.

Le ministère des Armées à Viva Technology 2025 : l’innovation de défense au cœur de la souveraineté technologique

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Plan ministériel : un campus quantique

Sébastien Lecornu a annoncé la création d’un campus quantique défense. « Ce à quoi sert l’État, et singulièrement et historiquement le monde militaire – industriels privés compris – c’est l’effet de levier, la capacité à créer la confiance et à entrainer. » L’objectif de ce campus sera de structurer et fédérer les acteurs du quantique autour des enjeux de défense nationale afin de renforcer la souveraineté technologique du pays dans ce domaine.

Le campus sera implanté sur plusieurs sites, dont l’Institut de défense sur le campus de l’École polytechnique d’ici 2027. Il s’articulera autour de plusieurs communautés avec un noyau dur, organisé autour de la Direction générale de l’armement et des services de renseignement et des armées. Ses missions : analyser les menaces et des opportunités pour les prendre en compte dans l‘architecture de notre système de défense, mais aussi définir des cas d’usages dans le domaine du calcul quantique.

Les entreprises de la base industrielle et technologique de défense mais aussi les investisseurs, le milieu académique, les secteurs hors défense aussi clients du quantique et les partenaires internationaux, seront également amenés à y participer. 

Laboratoire quantique défense

L’agence de l’innovation de défense inaugurera d’ici la fin de l’année un laboratoire dédié au calcul quantique. « Quelle est la force du ministère des Armées ? Rapprocher l’usager final de celui qui maîtrise la technologie, et parfois c’est le combattant », a affirmé le ministre. Ce « lab » détient plusieurs missions : permettre l’identification de nouvelles capacités permises par le calcul quantique, la réalisation de preuves de concept, la comparaison de différentes solutions vis-à-vis du calcul classique et, enfin, la participation à des activités de recherche avec des partenaires d’excellence.

Par ces deux pôles, l’objectif est bien de décloisonner les acteurs sur ce sujet pour aller plus loin, sans créer de doublons. Et tout cela à une période décisive, car « c’est en ce moment que nous sommes en train de définir ce à quoi ressemblera le successeur du porte-avions Charles de Gaulle, ou du Rafale […] Si nous prenons trop de retard sur les capteurs quantiques, nous allons développer des plateformes de combat, pour les années 2040, 2050 et 2060, qui n’auront pas embarqués de manière incrémentale ces capteurs », a mis en garde le ministre, avant de conclure : « ce qui compte, maintenant, c’est que nous accélérions. »