L’Agence de l’innovation de défense, au service des forces armées

L’ingénieur général de l’armement Patrick Aufort, directeur de l’Agence de l’innovation de défense (AID), a présenté le rôle de l’AID dans le développement de nouveaux projets au service des forces armées, lors du point presse hebdomadaire du ministère des Armées, jeudi 17 avril.
Créée en 2019, l’Agence de l’innovation de défense (AID) a pour but de fédérer les initiatives d’innovation au sein du ministère des Armées. Un rôle crucial dans un contexte mondial marqué par la résurgence de la guerre en Europe et la réaffirmation des États puissances.
Chaque année, entre « 400 et 500 projets sont lancés par l’AID », dont « 200 projets de recherche », explique Patrick Aufort, directeur de l’AID. Le tout pour un budget annuel d’environ un milliard d’euros. Les projets sont répartis en quatre catégories :
- des projets d’innovation participative, au travers desquels l’AID soutient des innovateurs du ministère des Armées ;
- des projets technologiques de défense où l’AID travaille avec des acteurs classiques de la base industrielle et technologique de défense ;
- des projets d’accélération de l’innovation de défense, qui consistent à capter des idées, des produits en dehors des acteurs classiques de la défense et à les ramener vers les armées ;
- des projets de recherche, le but étant de soutenir l’émergence de nouvelles technologies.
Innovation planifiée ou ouverte
Par ailleurs, l’AID se base aujourd’hui sur deux formats d’innovations : d’abord l’innovation planifiée, « qui consiste à préparer la réponse à des besoins prévisibles. Nous faisons monter en maturité les briques technologiques dont nous allons avoir besoin pour nos futures capacités militaires et nos prochains programmes d’armement », précise Patrick Aufort. L’innovation ouverte consiste, quant à elle, « à faire de l’innovation une opportunité ». Nous allons « accélérer sur des solutions beaucoup plus agiles à beaucoup plus court terme pour répondre à des irritants, à des besoins pas satisfaits, mal satisfaits », ajoute l’ingénieur général.
Des créations françaises uniques
En six ans, l’AID a déjà obtenu des résultats manifestes. « Nous avons livré, en 2024, un gravimètre quantique sur une plateforme de la Marine nationale. C’est une première mondiale. Je ne connais pas de pays qui ait opérationnellement un tel capteur. Je connais des pays qui ont des prototypes de ce type mais un capteur opérationnel, à ma connaissance, non », affirme Patrick Aufort. Ce gravimètre quantique a été le fruit d’un long travail. Tout a commencé en 2002 dans les laboratoires de l’Office national d’études et de recherches aérospatiales (ONERA) où une thèse a été produite sur le sujet. De fil en aiguille, l’idée s’est transformée en recherches puis en production et en outil final.
Autre réussite de l’AID : la livraison, toujours en 2024, de munitions téléopérées. Il s’agit de véhicules aériens sans pilote, conçus pour engager des cibles au-delà de la ligne de mire avec une ogive explosive. L’idée a vu le jour en mai 2022 par un appel à projets. Les premiers essais avec un prototype ont eu lieu en fin d’année 2023, pour une livraison de 200 munitions, déjà utilisées sur le théâtre ukrainien, fin 2024.