Actu défense du 15 novembre 2024

Détection de la cible, classification (est-elle amie ou ennemie ?) et destruction par un intercepteur. Ce sont les trois missions de la défense aérienne, à savoir « la protection depuis le sol ou la mer contre toutes les menaces qui peuvent venir du ciel », explique l’ingénieur en chef des études et techniques de l’armement de 2e classe Christophe Cabaj, architecte capacitaire défense sol-air à la Direction générale de l’armement (DGA). Les menaces sont variées : « Elles vont du drone jusqu’aux missiles balistiques et aux nouveaux missiles hypersoniques, en passant par les aéronefs conventionnels mais aussi les missiles de croisière et antinavires », poursuit l’ingénieur.

La difficulté réside alors dans cette diversité des menaces : « Premièrement la vitesse : les cibles les plus lentes vont voler à quelques centaines de km/h alors que les plus rapides, comme les missiles balistiques ou les planeurs, arrivent à plusieurs kilomètres par seconde, précise Christophe Cabaj. Deuxièmement, le scope d’altitude à surveiller et à intercepter est très large car ces menaces peuvent à la fois voler à très basse altitude, au-dessus de la mer ou à plusieurs dizaines de kilomètres, voire en vol exo-atmosphérique. Enfin, ces menaces plus furtives ont la capacité de brouiller et leurrer nos défenses. »

Pour s’en protéger, la DGA et les armées ont choisi une approche par couche de solutions. « Chacune de ces couches dispose de ses propres censeurs pour détecter les cibles – principalement des radars, mais aussi des moyens optiques. Une fois la menace détectée, le système de commandement et contrôle la classifie et décide ou non de tirer », indique l’ingénieur.

Trois schémas de déploiement

L’armée de l’Air et de l’Espace étant garante de la souveraineté aérienne nationale, « c’est à elle que revient la mission d’organiser, d’intégrer et de coordonner tous les systèmes de défense aérienne – et donc toutes les couches de défense », énonce le lieutenant-colonel Jérémy Gueye, adjoint défense sol-air du général commandant la brigade aérienne de l’aviation de chasse. Sur le territoire national, l’armée de l’Air et de l’Espace tient 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 la posture permanente de sûreté aérienne (PPSA). « Elle consiste en une surveillance permanente de l’espace aérien avec un maillage dense de radars. A cela s’ajoute la mise en œuvre sur alerte d’avions de chasse capables de décoller sous très court préavis pour aller porter assistance à des aéronefs ou pour intercepter différents types de menaces, du missile de croisière à l’avion de combat », détaille le lieutenant-colonel Gueye.

La PPSA peut aussi être renforcée par des dispositifs particuliers de sûreté aérienne. « Nos capacités de surveillance et de réaction sont alors renforcées tout comme le maillage radar. Le nombre d’avions de chasse et de surveillance est augmenté et complété par des moyens de défense sol-air, comme lors des Jeux olympiques et paralympiques », poursuit le lieutenant-colonel.

Des systèmes de défenses sol-air peuvent enfin être déployés en opérations extérieures afin de défendre nos forces ou un pays tiers. « Un système sol-air moyenne portée/terrestre (SAMP/T) est ainsi déployé en Roumanie depuis plus de deux ans pour protéger les forces françaises présentes sur place », assure le lieutenant-colonel Gueye.