Industrie de défense : les grands chantiers de 2025

Quels chantiers compte-t-elle mettre en place cette année pour renforcer notre tissu industriel de défense et protéger nos intérêts ? L’ingénieur général de l’armement Alexandre Lahousse a dressé un point d’étape lors du point presse hebdomadaire du ministère des Armées.
La Direction générale de l’armement (DGA) s’est dotée, en mars 2024, d’une Direction de l’industrie de défense (DID). Dirigée par l’ingénieur général de l’armement Alexandre Lahousse, elle vise notamment à garantir le développement, la souveraineté et la résilience de la base industrielle et technologique de défense française (BITD), dans un contexte d’entrée dans une économie de guerre à partir de juin 2022. Ce soutien aux entreprises passe notamment par quatre axes afin que ces dernières soient : pérennes, de qualité, performantes et résilientes. « C’est finalement s’assurer qu’elles soient en capacité de répondre aux besoins des armées à court, mais aussi à moyen terme », résume Alexandre Lahousse.
Pérennité
En 2024, la DGA avait publié pour la première fois une note d’orientation industrielle sur les drones aériens de contact. Objectif : donner aux entreprises une visibilité plus thématique et plus ciblée sur certains sujets, afin d’avoir une meilleure vision et d’orienter leurs propres actions. Une dizaine de ces fiches d’orientation devrait sortir cette année, dont une sur l’impression 3D et une autre sur les drones navals.
La pérennité passe aussi par la réduction des contraintes qui pèsent sur les entreprises. Comment ? En 2024, la DID a effectué une expérimentation avec certains industriels afin de faire le tri dans les contrôles effectués en sortie de chaîne de production. « Sur les dix contrats expérimentés, ce sont des réductions entre 300 et 1 600 heures de travail par an pour nos industriels qui ont pu être grappillées, explique le directeur de la DID. Soit des gains calendaires sur des cycles de production allant de quelques jours, sur certains contrats, jusqu’à plusieurs semaines. » Une expérimentation qui sera étendue à un plus grand nombre de contrats en 2025.
Plus globalement, la DID est en contact direct avec les entreprises, à la fois depuis Paris mais aussi dans les régions, toutes couvertes par un réseau d’attachés industrie de défense régionale. Sur les 4 500 entreprises de la BITD, la DID en visite d’ailleurs 1 000 chaque année, sur site.
Qualité et Performance
La DID s’est dotée d’une capacité de diagnostique performance industrielle sur la base d’embauche de profils particuliers. « J’ai dans mes équipes des gens qui ont soit une expérience dans l’industrie, soit qui ont fait des formations dans ce qu’on appelle le lean management, pour s’assurer des bons processus de production dans l’industrie », dévoile Alexandre Lahousse. En 2024, 9 diagnostics de ce type ont été effectués. En parallèle a été mis en place, en mars dernier, un accélérateur défense pour les PME, ces dernières n’ayant pas toujours un bureau des méthodes ou des ingénieurs dédiés pouvant les aider à retravailler le fonctionnement de leur atelier. L’accélérateur défense a été lancé en partenariat avec la Banque publique d’investissement, avec une première promotion de 30 entreprises faisant partie des « goulets d’étranglement », c’est-à-dire les sous-traitants ayant des difficultés à accélérer la production. Suite à des résultats probants, l’expérience sera renouvelée cette année.
Résilience
La résilience de nos entreprises est surtout économique. La DGA intervient en effet sur la protection des savoir-faire, bien que le contrôle des investissements étrangers en France soit piloté par Bercy. « En 2024, c’est 124 dossiers, dont la moitié à peu près concernent les entreprises de la Défense. À ce moment-là, c’est la DGA, et en particulier mes équipes, qui prennent la main pour mener les négociations avec les investisseurs étrangers et garantir la protection de nos intérêts », révèle le directeur de la DID. 15 000 brevets ont également été revus en 2024 par la DID, là aussi pour s’assurer que nos intérêts ne soient pas remis en cause. Toutes ces actions sont regroupées dans le plan PEPS (Plan pour les ETI, PME et Startups), un plan ministériel renforcé qui a pris la suite d’Action PME en juillet 2024.
Plus globalement, la DID a réussi à mettre en place des référents défense au sein des établissements bancaires. Elle emploie aussi une médiatrice des banques. Le but : traiter les dossiers des PME lorsque ces dernières pensent que leur dossier de financement a été exclu pour des raisons de contribution à une activité défense, synonyme parfois d’exclusion. « Plusieurs banques ont déjà accepté de remettre à jour leur politique d’investissement », se félicite Alexandre Lahousse. Dans un autre registre, la DID avait mis en place, l’année dernière, un observatoire des métiers afin de déceler les postes en tension. Résultat : 10 000 emplois ne sont pas occupés dans la BITD. Une première convention avait ainsi été mis en place avec France travail (alors Pôle emploi), convention qui sera renouvelée et comportera un forum de l’emploi consacré aux entreprises de la Défense. Enfin, la DID continue de sensibiliser les PME aux enjeux de cybersécurité, en les poussant à se diagnostiquer. « Nous avons mené 100 diagnostics cyber sur les huit derniers mois de l’année, ce qui est bien pour un nouveau dispositif. Mais nous voulons accélérer en 2025 », conclut Alexandre Lahousse.
Pour rappel, la BITD, c’est neuf grands groupes industriels d’envergure européenne et mondiale, 4 500 PME-ETI et startups, dont 1 000 sont identifiées comme stratégiques et 220 000 emplois directs et indirects.